Le dragon des mers

{xtypo_dropcap}L{/xtypo_dropcap}a découverte de ce film avait été très plaisante en salle, les retrouvailles en DVD le sont tout autant. Soigné et efficace, ce Dragon des mers est un beau spectacle pour toute la famille qui respecte autant son public que la légende dont il se nourrit. Un véritable plaisir.

Accroché à l’impossible espoir que son père reviendra de la guerre, Angus s’est refermé sur lui-même. A présent seule responsable de la grande propriété, sa propre mère a le plus grand mal à communiquer avec lui. Il se promène seul, prenant bien soin de garder ses distances d’avec l’eau pour laquelle il éprouve une irrépressible angoisse. C’est au hasard de l’une de ces ballades qu’il ramasse une étrange pierre aux reflets luisants. Dans le secret de son abris, l’ancien atelier de son père, Angus découvre vite que cette pierre est un œuf, dont éclot une incroyable créature aquatique. Se sentant immédiatement responsable du remuant bébé, Angus le baptise Cruséo et se met en tête de l’élever en cachette… C’est donc au plus mauvais moment que sa tranquillité est réduite à néant : un détachement de l’armée s’installe sur les terres de sa famille pour parer à un débarquement ennemi par la mer, et un nouvel homme à tout faire, engagé par sa mère, s’installe dans son précieux abris. Angus a les pires difficultés à garder secrète l’existence de la créature, surtout que celle-ci peut doubler de taille en une journée, et ne rate pas une occasion de semer la pagaille. Pour protéger le dragon des mers, il lui faudra aller au bout de son courage et accorder à nouveau sa confiance…

Respectueux du livre de Dick King-Smith, le créateur de Babe, ce Dragon des mers répond en tout point à ce que l’on pouvait espérer d’une telle adaptation. Se nourrissant de la légende du Loch Ness sans en faire son unique inspiration, l’histoire avance sans temps mort, menée par un casting original d’acteurs très convaincants, l’étonnant dragon compris ! Le jeune Alex Etel se montre très bon dès son deuxième rôle, d’autant qu’il est entouré d’acteurs de qualité peu habitués aux superproductions à effets spéciaux : Ben Chaplin et la trop rare Emily Watson. Le film s’impose comme un beau livre d’image, élégant et riche en scènes d’actions réussies, et nous offre le gros plaisir de présenter des personnages attachants parce que manifestant tous un côté sombre, à commencer par Crusoé. Evitant le formatage facile d’un genre et d’une époque souvent exploitée, cette exigence marque tout le film qui se déguste de bout en bout comme un vrai beau conte.

Pour son édition en DVD, le film est proposé avec une section bonus plutôt consistante. Passées les 8 courtes scènes supplémentaires judicieusement coupées, les affamés de coulisses peuvent explorer la riche section des documentaires. Mythes et légendes revient sur le mythe de la créature du Loch Ness, de la légende originelle du Kelpie à l’exploit de Saint Colomba qui repoussa une créature marine, puis présente avec soin la naissance du mythe "moderne" en 1933 avec la bénédiction des habitants… Et dès le début du sujet, on regrette que le conteur ne soit pas doublé, regret qui s’applique à une bonne part des bonus !

Le sujet L’histoire se concentre sur la naissance du film et vaut surtout pour la participation de Dick King-Smith, l’auteur du livre, ainsi que la fraîcheur du jeune Alex Etel. Un jeune acteur très prometteur que l’on retrouve dans Les personnages où le réalisateur lui fait une éloge justifiée. Un sujet qui nous rapproche du quotidien du tournage, et permet à Emily Watson de donner une intéressante leçon de mise en confiance pour jeune acteur débutant…  Le sujet Les décors met en vedette la sublime Nouvelle-Zélande, dont les paysages ne cessent de nous éblouir depuis Le seigneur des anneaux, avant de nous faire découvrir les superbes décors conçus pour le film. Le sujet permet surtout de nous donner une solide idée de l’ambiance de travail en accumulant de sympathiques images prises sur le tournage. Un sujet aussi passionnant que le suivant, Les scènes aquatiques, qui est consacré, comme son nom l’indique, au cauchemar de tout réalisateur. Un défi inévitable, puisque l’eau étant aussi le cauchemar des infographistes, tourner des images réelles dans et sous l’eau reste indispensable. Des images passionnantes qui mettent une fois de plus en avant la performance du jeune Alex Etel. Fascinant, le dernier sujet, La création du dragon des mers, reprend la genèse de la créature, mais s’intéresse aussi à toutes les séquences ayant fait appel aux images par ordinateur. Un tour d’horizon très riche, même si les sous-titres rendent ces bonus difficiles d’accès aux plus jeunes. Et ceux qui espéraient un jeu en compensation devront se reporter sur l’édition en Blue-Ray qui seule en bénéficie…

Frédéric Lelièvre

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