Adapter l’œuvre de André Popp en dessin animé, c’est un sacré défi. D’abord parce que sa partition est un classique depuis 50 ans, mais surtout parce que cette formidable initiation à la musique ne racontait pas vraiment d’histoire. C’est dire si ce pari tenu est une agréable surprise…


Pour bien saisir l’ampleur de la tâche, commençons par un retour en arrière : en 1956, le directeur artistique de la maison Philipps, Jacques Cannetti, commande à André Popp un album permettant aux enfants de reconnaître les différents instruments d’un orchestre classique. Appelant son complice Jean Broussolle pour en concevoir le scénario, André Popp compose une œuvre originale où toutes les familles d’instruments se croisent au royaume de la musique. Enregistré avec 65 musiciens, la visite est guidée par deux instrument solos, Piccolo et Saxo. Alors qu’au grand désespoir du compositeur, Philips n’espère guère plus qu’un succès d’estime, le disque connaît un succès incroyable.

Un classique sans frontière
Grand prix de l’académie du disque un mois plus tard, il connaîtra plusieurs suite: Passeport pour Piccolo et Saxo en 1957, le Cirque Jolibois en 1958, puis Piccolo et Saxo à Music City en 1972 et La symphonie écologique en 1976. Entre temps, Piccolo et Saxo sera traduit dans pratiquement toutes les langues et deviendra dès 1980 un incontournables des salles de concert du monde entier. Les deux concerts donnés cette même année à la salle Pleyel refusèrent pas moins de 10 000 enfants ! Le travail d’André Popp appartient à cette catégorie exceptionnelle d’œuvres qui ne connaissent pas de frontière et ont, depuis 50 ans, nourri la vocation musicale de milliers d’enfants un peu partout sur la planète.

De la partition au scénario
Et si André Popp rêvait de voir ses deux héros sur grand écran, un écueil d’importance restait à franchir : en tirer une histoire à même de faire un film. Pour y parvenir, les scénaristes Isabelle de Catalogne et Juliette Sales ont sacrifié l’univers totalement positif pour bousculer tout cela d’un peu de drame : depuis que les clé de Fa, Sol et Ut ont mystérieusement disparues, toutes les familles d’instruments vivent chacune de leur côté, convaincus que les autres ont volé les fameuses clefs. L’harmonie de l’orchestre n’est plus qu’un lointain souvenir. Jusqu’au jour où le hasard, et un peu de vent, amène le petit Piccolo de la famille des bois à croiser la route de Saxo, le jeune cuivre rebelle qui préfère l’improvisation plutôt que de répéter les gammes…

Des nouveaux venus
Pour nous guider, c’est une note, un Do, qui fait la narratrice. Et pour faire bonne mesure, nous voyons débarquer une armée de nouveaux venus : les outils. A leur tête le terrible Docteur Marteau, mégalomane désireux de prouver à tous son génie musical… Sans didactisme appuyé, l’histoire atteint ainsi son but pédagogique, et des cordes aux percussions, le jeune public saisit parfaitement les différentes familles d’instruments. Mieux encore, chaque famille se repliant dans sa propre solitude, les attitudes dans lesquels elles s’enferment, de la rigueur militaire à l’anarchie complète, laissent à réfléchir longtemps après le film. Tout comme la pédagogie musicale, les thèmes de la solidarité, de la solitude, de la peur irraisonnée sont plutôt finement suggérés…

Une 3D adaptée
Pour mettre tout cela en forme, l’idéal était évidemment d’en passer par l’image de synthèse. Et animer une flûte ou une caisse claire n’a rien d’évident ! Une fois encore, le pari est tenu avec une réelle intelligence. La 3D, qui donne vie en quelques secondes au plus inexpressif des instruments, garde beaucoup des arguments de la 2D. De fait, le film a été fabriqué entre les studios français de Millimages et Mikros, et Dacodac en Roumanie. Ce studio, très expérimenté en 2D, n’avait jamais travaillé la 3D et s’est adapté à ce nouvel outil en faisant le film ! Le réalisateur Marco Villamizar, qui a lui-même grandit en Colombie en écoutant l’œuvre de André Popp, voulait garder un rendu très 2D des textures et de la lumière. Pour le jeune public, ce choix n’est pas négligeable : la mise en forme bénéficie de tout le spectaculaire nécessaire, comme par exemple pour l’antre du Dr Marteau, mais la technique n’envahit pas l’histoire, ne détourne pas l’attention par les artifices.

Simples, colorés, les personnages fonctionnent, du petit saxo qui avance en ondulant au grand-père basson avec sa longue barbe. Les décors épurés et la vigueur de l’animation font le reste, soutenus par un doublage qui donne une touche contemporaine à nos héros. Le travail des jeunes Jean-Baptiste Maunier, Eugène Christo-Foroux et Anaïs est tout à fait honorable à ce propos. Et puis bien sur, pour l’occasion, André Popp a composé une nouvelle partition. Et indiscutablement, l’alliance avec l’image fonctionne. Si la découverte en salle est une belle occasion pour le jeune public de partager son expérience avec d’autres enfants, il est tout à fait vraisemblable qu’une fois en DVD, le film connaisse le même destin que les disques qui l’ont précédé. Celui d’être lu et relu, distillant à chaque fois son message positif et son enseignement musical.

Studio: Haut et Court
Genre : Dessin animé
Site Web : www.piccolosaxo-lefilm.com

Age : Dès 4 ans
Réalisateur : Marco Villamizar et Eric Gutierez
Sortie prévue : Sortie le 20 décembre

{mosmodule module=Articles similaires}

 

{mosmodule module=Carre Sega}

 
 
{mosimage}{mosimage}{mosimage}
{mosimage}{mosimage}{mosimage}
{mosimage}{mosimage}{mosimage}
{mosimage}

Franklin et le trésor du lac

Article précédent

L’arbre sans lumières

Article suivant

Vous aimerez aussi

Commentaires

Commentaires fermés

More in Actualité