Brave Story

Wataru n’a vraiment pas de chance. Lui qui n’aspire qu’à une vie de famille tranquille voit son petit monde s’écrouler. Son père quitte le foyer, après quoi c’est sa mère qui finit à l’hopital, incapable de supporter ce cataclysme. Pour retrouver leur bonheur passé Wataru est prêt à tout. Y compris à franchir la mystérieuse porte qu’un nouvel élève, tout aussi mystérieux, lui a fait découvrir. Derrière cette porte se trouve un autre monde, Vision. Un univers dans lequel il est possible de réaliser son souhait le plus cher. Il faut pour cela réunir 5 gemmes, glanées au long des épreuves. Mais attention ! Si de nombreux apprentis passent dans le monde de Vision pour se lancer dans cette quête, un seul verra son vœu exaucé par la Déesse de la fortune. C’est donc pour retrouver sa famille unie que Wataru va tenter sa chance et franchir la porte et, accepté en tant qu’apprenti héros, entamer un voyage qui’ se révèlera vite plus dangereux qu’il ne l’imaginait, car certains sont prêts à tout pour voir leur vœu devenir réalité…

Brave Story est avant tout un défi d’importance : concurrencer le maître du conte animé, le grand Miyazaki, et son célèbre studio Ghibli. Pour y parvenir, trois importantes sociétés se sont associés: Fuji TV (concurrent de Nippon TV, producteur traditionnel des studios Ghibli), le studio Gonzo, un très important et très créatif grand nom de l’animation japonaise, ainsi que la division japonaise de Warner. Et pour ce premier essai, tous les atouts ont été réunis : une animation très soignée, un réalisateur reconnu, et une histoire en or, adaptée d’un fascinant best-seller de Miyuki Miyabe par un autre écrivain à succès, Ichiro Okochi, qui signe là son premier travail pour le cinéma. Mélangeant l’Heroîc Fantasy et le fantastique, s’appuyant sur une étonnante galerie de personnages et des valeurs universelles, Brave Story est à même d’être adopté par tous les publics, quel que soit leur age ou leur culture. Et si la savante magie distillée par Miyazaki dans chacun de ses chefs d’œuvres n’a pas fini de faire des envieux, le moins que l’on puisse dire est que Brave Story est une réussite prometteuse. Soigné et bien pensé, multipliant les morceaux de bravoure et les suspens, habilement rythmé par le compte à rebours des gemmes récupérées, Brave Story captive la jeune audience sans faille. Surtout si, comme une grande partie des amateurs d’animation japonaise, ils partagent ce goût prononcé pour l’héroïc-fantasy, omniprésente dans le fantastique depuis Le seigneur des anneaux. Ses créatures, ses codes précis en font un univers aussi rassurant que fascinant, et finalement libérateur pour l’imaginaire. 

L’expérience est d’autant plus grand public que le scénario élude les parties les plus dramatiques du beau livre de Miyabe. Les terribles épreuves vécues dans le monde réel par Wataru et son camarade Mitsuru ne sont qu’évoquées. Un film si riche qu’on ne peut qu’être déçu par les bonus présentés dans le DVD en version double. On y trouve un long making-of réalisé pour le public Japonais. Une démarche très promotionnelle, mais en soit amusante puisque la visite se fait avec la sensibilité japonaise. Un peu "touristique", le tour d’horizon devient au final instructif, puisque après avoir découvert les "otakus" américains (de vrais cinglés de manga), nous visitions les studios Gonzo, découvrant au passage leur rythme de travail insensé, avant de faire une visite, plutôt rare, des studios d’enregistrement du Skywalker Ranch de Georges Lucas. Une grande part du making-of est consacré au casting des voix de doublage, composé de superstar nippone inconnues chez nous, ce qui en réduit sensiblement l’intérêt. Sentiment que l’on retrouve hélas dans le second sujet, Les coulisses de la promotion, qui se consacre tout entier à ce fameux casting, en reprenant les images du making-of… Le sujet se concentre sur l’amusant duo d’acteur, rencontré à l’occasion de ce film, et dont la complicité débridée dénote agréablement d’avec la rigueur coutumière des japonais. Les amateurs de technique et de secret de fabrication resteront tout de même sur leur faim… Des bonus qui comprennent aussi des teasers et clips de promotions assez sympas, et un sujet purement promotionnel sur les jeux vidéos créés pour toutes les consoles. Mais l’essentiel est là: un beau film qui  laisse espérer d’autres productions aussi exigeantes…