Code Lyoko expliqué aux parents

{xtypo_dropcap}E{/xtypo_dropcap}t si vos enfants, entre les devoirs et les copains, étaient en fait de vrais super-héros ? De farouches sauveteurs de mondes sitôt gagnés les espaces virtuels de l’informatique ? En mettant des images sur ce doux rêve, partagé par des millions d’apprentis héros, Code Lyoko s’est vite imposé sur les petits écrans. Chouchou des 8/12, cette succes-story réunit désormais une communauté de fans très active, et continue de se développer…

Il fut un temps où les super-héros devaient dénicher une cabine téléphonique pour enfiler leur costume avant de voler au secours de la planète… Avec les jeux vidéo et Internet, il suffit d’un clic pour que le discret héros qui sommeille en chaque petite tête blonde s’immerge totalement dans un monde virtuel. Une dimension parfois si proche, si intense, si importante dans la vie des jeunes joueurs et téléspectateurs que l’on serait presque tenté de parler de monde parallèle tant certains d’entre eux ont du mal a dissocier virtuel et réel. Une proximité que la série Code Lyoko a parfaitement intégré, et a su mettre en image avec une belle réussite. Lyoko est un univers virtuel jadis idéal dont s’est emparé un programme destructeur, Xana (pour une synthèse plus complète, reportez-vous au dessin animé…). Capable de matérialiser ses attaques dans la réalité, Xana contraint les jeunes héros à venir combattre sur son propre terrain. C’est ainsi que dans le plus grand secret, les collégiens normaux deviennent des héros puissants au look savamment nippons, et ce dans les conditions d’un jeu vidéo très efficace… La réussite de cet univers tient probablement à son équilibre entre fantasme informatique nourrit de combats, et la réalité des sentiments de jeunes adolescents en plein apprentissage. Et grâce à des personnages de collégiens au caractère clairement dessiné, l’identification du jeune spectateur est imparable !

Une sensibilité que l’on doit sûrement à l’esprit très français de ce dessin animé. En 2001, Thomas Romain et Tania Palumbo, deux étudiants des Gobelins, signent pour leur fin d ‘étude un court métrage d’animation, Garage Kids. Par ses images efficaces et son concept original, qui réunit une partie des éléments scénaristiques de Code Lyoko, l’idée séduit les producteurs et Garage Kids devient vite le pilote d’une série animée. D’importantes divergences sur le remaniement de son concept amèneront Thomas Romain a quitter le projet, mais nous avons depuis retrouvé son imaginaire fertile à la tête d’une autre production particulièrement réussie : Oban Star Racers…  Empruntant au graphisme manga, puisant dans l’efficacité de la 3D pour dissocier le virtuel du réel, Code Lyoko impose vite un univers débarrassé de codes trop américains. Rappelons que le collège Kadic reprend la configuration du lycée Lakanal de Sceaux, et que l’usine où se cache le QG des héros n’est autre que l’Usine Renault de Boulogne-Billancourt… Entre SF et monstres informatiques en 3D et le quotidien scolaire en 2D, la série joue habilement sur les deux tableaux.

Code Lyoko a vite dépassé les frontières françaises. Aussi diffusé au Canada, les amateurs de langue anglaise sont de plus en plus nombreux. Un succès considérable qui se traduit aussi par une déclinaison de supports assez rares pour une série française. Après le dessin animé et ses DVD, les accrocs ont pu nourrir leur passion de jeux vidéo, de jouets,  de cartes, de disques, de magazines et de livres. Sans oublier une activité étonnante sur Internet, avec plus 200 000 membres inscrit sur le site du dessin animé, et jusqu’à 8 millions de pages consultées par mois. Et c’est maintenant une animation au Futuroscope qui vient nourrir ce phénomène ! Complètement en phase avec les passions des écoliers et collégiens d’aujourd’hui, ce dessin animé apporte très symboliquement un petit plus appréciable. Alors qu’il associe réalité et virtuel au long de chaque épisode, il les dissocie efficacement, notamment par son traitement graphique: la 2D pour le réel, la 3D pour le virtuel. Une frontière non négligeable dans l’esprit des jeunes spectateurs en age d’entretenir un rapport assez flou avec la réalité. Il suffit pour s’en convaincre d’aller voir sur certains forums. Pour ces familiers de l’informatique, hors de question de considérer Lyoko comme un univers parallèle : Lyoko est une dimension virtuelle, numérique, et il n’y a « rien de plus idiot » que de la concevoir comme une autre réalité…

Frédéric Lelièvre

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